En juin 1967, Israel fut à nouveau forcé à se battre pour sa survie. La
troisième guerre imposée à Israel fut aussi la plus courte. Contre toute
attente, Israel l’emporta sur les armées de ses trois voisins les plus
puissants, qui menaçaient de l’encercler par le sud, par l’est et par le nord. Jérusalem,
la capitale israélienne, fut réunifiée. Pour la première fois en 19 ans, la
Vieille Ville fut ouverte aux croyants de toutes les confessions, et les Juifs
purent accéder à leurs sites sacrés.
Une guerre d’autodéfense
L’escalade de la guerre commença avec de lourds tirs d’obus sur les
villages agricoles israéliens par des troupes syriennes qui les surplombaient
depuis le Plateau du Golan, des infiltrations palestiniennes dans le territoire
israélien et de véhémentes menaces du Président égyptien Nasser de rayer Israel
de la carte et de jeter tous les Juifs à la mer. Le 16 mai 1967, les troupes
égyptiennes traversèrent le canal de Suez et entrèrent dans le désert du Sinaï,
avançant rapidement vers la frontière israélienne, malgré la présence d’une
Force d’Urgence des Nations Unies, destinée à agir comme tampon entre les deux ennemis.
D’autres actes d’agression suivirent rapidement, alors que l’armée syrienne se
positionna sur le pied de guerre sur le plateau du Golan. Le 19 mai, le
Secrétaire Général de l’ONU, U Thant, accepta la demande égyptienne de retirer
la Force d’Urgence du Sinaï, laissant la frontière sud d’Israel complètement
exposée aux avancées de l’armée égyptienne. Le 22 mai, par un acte qui
constitue un casus belli [un acte justifiant la guerre], l’Egypte ferma le
Détroit de Tiran au commerce israélien, coupant la seule route d’Israel vers
l’Asie et l’Iran, ce dernier étant son principal fournisseur de pétrole.
D’autres leaders à travers le monde arabe s’en mêlèrent en menaçant de détruire
Israel, et le 4 juin, l’alliance militaire entre l’Egypte, la Syrie, la
Jordanie et l’Irak était constituée.
Bien que compatissant envers la détresse d’Israel, la
communauté internationale agit peu pour résoudre la situation et Israel fut laissé
seul face à la menace. Comme le déclara à l’époque Yitzhak Rabin, alors Chef
d’État-Major de l’Armée de Défense israélienne, « Je pense que nous
pourrions nous trouver dans une situation où l’existence même d’Israel serait
en danger. »
En invoquant son droit intrinsèque à se défendre,
Israel anticipa l’attaque inévitable et frappa l’armée aérienne égyptienne
alors que ses avions étaient encore à terre. Menacée par la Syrie au nord,
Israel n’avait pas prévu de se battre sur un troisième front à l’est, mais le
Roi Hussein ignora les messages d’Israel de ne pas se mêler à la guerre et
envoya ses troupes sur le front. Israel fut contraint de contre-attaquer
rapidement et captura la Cisjordanie, alors occupée par la Jordanie. Le 7 juin,
après des combats particulièrement violents, les parachutistes israéliens
libérèrent la Vieille Ville de Jérusalem. Les six jours de bataille prirent fin
le 10 juin, après qu’Israel conquit le plateau du Golan, où les bombardements
syriens avaient tant fait souffrir les communautés juives qui y vivaient.
Israel avait survécu l’assaut le long de ses
frontières, tout en prenant le contrôle, contre toute attente, de la
Judée-Samarie (la Cisjordanie), le plateau du Golan, la bande de Gaza et la
péninsule du Sinaï.
La quête de la paix
Alors que les Israéliens célébraient la réunification
de Jérusalem et la possibilité de se rendre aux sites sacrés du Judaïsme, après
environ deux décennies d’occupation jordanienne, ils rêvaient aussi de
convertir leur victoire militaire en paix durable. A la fin de la guerre, Israel
rendit clair sa volonté d’abandonner la quasi-totalité des nouveaux territoires
sous son contrôle, en échange d’un accord de paix permanent avec ses voisins.
Cependant, les leaders arabes, réunis au sommet de la
Ligue arabe à Khartoum, au Soudan (29 août-1er septembre),
rejetèrent résolument l’appel d’Israel à faire la paix. Ils s’engagèrent plutôt
à mener une politique radicale, proclamant trois « non » : non à
la paix avec Israel, non à la reconnaissance avec Israel et non à toute
négociation avec Israel.
Quelques mois plus tard, le 22 novembre 1967, le
Conseil de Sécurité de l’ONU adopta la Résolution 242, la Résolution fondatrice
des Nations Unies de résolution du conflit. Admettant la nature précaire des
lignes d’armistice de 1949, la Résolution 242 affirma la nécessité pour
d’Israel de vivre à l’intérieur de « frontières sûres et reconnues »
et demanda à Israel de se retirer « des territoires occupés au cours du
récent conflit », en échange de la paix, en ne se référant délibérément
pas à « tous » les territoires.
La paix resta pourtant hors de portée. Aujourd’hui
encore, nombreux sont ceux qui pensent que le problème principal du conflit est
territorial. Cette affirmation semble erronée puisqu’aucun état Palestinien ne
fut établi lorsque la Cisjordanie et la bande de Gaza étaient sous contrôle
arabe de 1948 à 1967, et que le terrorisme et les attaques militaires
précédèrent non seulement la guerre de 1967, mais aussi la création même de
l’Etat d’Israel. De plus, les voisins d’Israel rejetèrent proposition après
proposition de division des terres, depuis le Plan de partage de l’ONU de 1947,
jusqu’à l’offre faite par Israel à l’Autorité Palestinienne en 2008. La vraie raison
pour laquelle la paix ne fut atteinte en 1967 est la même qui explique le début
du conflit et pourquoi il continue encore aujourd’hui : les Palestiniens
et les voisins arabes refusent de reconnaître le droit du peuple juif à créer
un état sur leur terre natale.
Si les leaders arabes avaient été aussi disposés
qu’Israel à négocier et trouver un compromis après la Guerre des Six Jours, une
paix durable aurait possiblement été atteinte. Comme l’a déclaré Abba Eban,
alors Ministre des Affaires Etrangères, « C’est la première de guerre de l’histoire qui s’est terminée avec
les vainqueurs demandant la paix et les vaincus appelant à une capitulation
inconditionnelle ».
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