1967 : La Guerre des Six Jours et la réunification historique de Jérusalem

La Guerre des Six Jours et la réunification

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    « … la première de guerre de l’histoire qui s’est terminée avec les vainqueurs demandant la paix et les vaincus appelant à une capitulation inconditionnelle » Abba Eban

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    Israeli paratroopers stand in front of the Western Wall in Jerusalem Israeli paratroopers stand in front of the Western Wall in Jerusalem : David Rubinger, GPO
     
     
    En juin 1967, Israel fut à nouveau forcé à se battre pour sa survie. La troisième guerre imposée à Israel fut aussi la plus courte. Contre toute attente, Israel l’emporta sur les armées de ses trois voisins les plus puissants, qui menaçaient de l’encercler par le sud, par l’est et par le nord. Jérusalem, la capitale israélienne, fut réunifiée. Pour la première fois en 19 ans, la Vieille Ville fut ouverte aux croyants de toutes les confessions, et les Juifs purent accéder à leurs sites sacrés.

     

    Une guerre d’autodéfense

    L’escalade de la guerre commença avec de lourds tirs d’obus sur les villages agricoles israéliens par des troupes syriennes qui les surplombaient depuis le Plateau du Golan, des infiltrations palestiniennes dans le territoire israélien et de véhémentes menaces du Président égyptien Nasser de rayer Israel de la carte et de jeter tous les Juifs à la mer. Le 16 mai 1967, les troupes égyptiennes traversèrent le canal de Suez et entrèrent dans le désert du Sinaï, avançant rapidement vers la frontière israélienne, malgré la présence d’une Force d’Urgence des Nations Unies, destinée à agir comme tampon entre les deux ennemis. D’autres actes d’agression suivirent rapidement, alors que l’armée syrienne se positionna sur le pied de guerre sur le plateau du Golan. Le 19 mai, le Secrétaire Général de l’ONU, U Thant, accepta la demande égyptienne de retirer la Force d’Urgence du Sinaï, laissant la frontière sud d’Israel complètement exposée aux avancées de l’armée égyptienne. Le 22 mai, par un acte qui constitue un casus belli [un acte justifiant la guerre], l’Egypte ferma le Détroit de Tiran au commerce israélien, coupant la seule route d’Israel vers l’Asie et l’Iran, ce dernier étant son principal fournisseur de pétrole. D’autres leaders à travers le monde arabe s’en mêlèrent en menaçant de détruire Israel, et le 4 juin, l’alliance militaire entre l’Egypte, la Syrie, la Jordanie et l’Irak était constituée.

    Bien que compatissant envers la détresse d’Israel, la communauté internationale agit peu pour résoudre la situation et Israel fut laissé seul face à la menace. Comme le déclara à l’époque Yitzhak Rabin, alors Chef d’État-Major de l’Armée de Défense israélienne, « Je pense que nous pourrions nous trouver dans une situation où l’existence même d’Israel serait en danger. »

    En invoquant son droit intrinsèque à se défendre, Israel anticipa l’attaque inévitable et frappa l’armée aérienne égyptienne alors que ses avions étaient encore à terre. Menacée par la Syrie au nord, Israel n’avait pas prévu de se battre sur un troisième front à l’est, mais le Roi Hussein ignora les messages d’Israel de ne pas se mêler à la guerre et envoya ses troupes sur le front. Israel fut contraint de contre-attaquer rapidement et captura la Cisjordanie, alors occupée par la Jordanie. Le 7 juin, après des combats particulièrement violents, les parachutistes israéliens libérèrent la Vieille Ville de Jérusalem. Les six jours de bataille prirent fin le 10 juin, après qu’Israel conquit le plateau du Golan, où les bombardements syriens avaient tant fait souffrir les communautés juives qui y vivaient.

    Israel avait survécu l’assaut le long de ses frontières, tout en prenant le contrôle, contre toute attente, de la Judée-Samarie (la Cisjordanie), le plateau du Golan, la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï.

     

    La quête de la paix

    Alors que les Israéliens célébraient la réunification de Jérusalem et la possibilité de se rendre aux sites sacrés du Judaïsme, après environ deux décennies d’occupation jordanienne, ils rêvaient aussi de convertir leur victoire militaire en paix durable. A la fin de la guerre, Israel rendit clair sa volonté d’abandonner la quasi-totalité des nouveaux territoires sous son contrôle, en échange d’un accord de paix permanent avec ses voisins.

    Cependant, les leaders arabes, réunis au sommet de la Ligue arabe à Khartoum, au Soudan (29 août-1er septembre), rejetèrent résolument l’appel d’Israel à faire la paix. Ils s’engagèrent plutôt à mener une politique radicale, proclamant trois « non » : non à la paix avec Israel, non à la reconnaissance avec Israel et non à toute négociation avec Israel.

    Quelques mois plus tard, le 22 novembre 1967, le Conseil de Sécurité de l’ONU adopta la Résolution 242, la Résolution fondatrice des Nations Unies de résolution du conflit. Admettant la nature précaire des lignes d’armistice de 1949, la Résolution 242 affirma la nécessité pour d’Israel de vivre à l’intérieur de « frontières sûres et reconnues » et demanda à Israel de se retirer « des territoires occupés au cours du récent conflit », en échange de la paix, en ne se référant délibérément pas à « tous » les territoires.

    La paix resta pourtant hors de portée. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui pensent que le problème principal du conflit est territorial. Cette affirmation semble erronée puisqu’aucun état Palestinien ne fut établi lorsque la Cisjordanie et la bande de Gaza étaient sous contrôle arabe de 1948 à 1967, et que le terrorisme et les attaques militaires précédèrent non seulement la guerre de 1967, mais aussi la création même de l’Etat d’Israel. De plus, les voisins d’Israel rejetèrent proposition après proposition de division des terres, depuis le Plan de partage de l’ONU de 1947, jusqu’à l’offre faite par Israel à l’Autorité Palestinienne en 2008. La vraie raison pour laquelle la paix ne fut atteinte en 1967 est la même qui explique le début du conflit et pourquoi il continue encore aujourd’hui : les Palestiniens et les voisins arabes refusent de reconnaître le droit du peuple juif à créer un état sur leur terre natale.

    Si les leaders arabes avaient été aussi disposés qu’Israel à négocier et trouver un compromis après la Guerre des Six Jours, une paix durable aurait possiblement été atteinte. Comme l’a déclaré Abba Eban, alors Ministre des Affaires Etrangères, « C’est la première de guerre de l’histoire qui s’est terminée avec les vainqueurs demandant la paix et les vaincus appelant à une capitulation inconditionnelle ».

     

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