Du grand nombre de pertes, de la crainte d’une destruction imminente, de la désillusion par rapport à la victoire de 1967 et de la confiance indéfectible dans la sagesse des décisions politique et militaire.
Tout au long de cette semaine, et notamment à l’approche du jour de Kippour (samedi 14 septembre), les médias ont abondé d’articles, d’interviews et de reportages sur la guerre, nourris notamment par la révélation inédite des enregistrements des réunions de l’état-major au tout début de la guerre, du témoignage de l’ancienne Premier ministre Golda Meïr devant la commission Agranat qui a enquêté sur les failles de la guerre, et du journal intime du général défunt Haïm Bar-Lev qui a rempli un rôle clé dans le retour en force de Tsahal et de son aptitude à transformer une guerre quasiment perdue en victoire.
"Nous ne sommes pas seuls" par Shimon Shifer – Yediot Aharonot
Cette semaine, nous commémorons le 40ème anniversaire de la guerre de kippour. Les visages que l’on voit à la télé et les histoires révélées dans les journaux mènent chacun d’entre nous à des conclusions très variées sur le plan personnel comme national. Les thèmes bien connus de cette guerre réapparaissent : l’ampleur de la surprise ; l’arrogance de nos dirigeants ; le sacrifice immesurable de certains individus ; les cicatrices des blessés ; le deuil des familles ; et cette colère qui ne les lâche pas jusqu’aujourd’hui.
Mais quel est lien qui relie Yom Kippour 1973 et cette veille de Kippour 2013 ?
Lorsque j’entends les critiques que l’on adresse au président Obama sur ses zigzags dans la gestion de la crise syrienne, en particulier face à la Russie, et sur les conséquences que cela aura pour nous, j’aimerais proposer à tous ceux qui se déchaînent : calmez-vous. Comme me l’a dit une fois Shaoul Mofaz, on sait bien comment la guerre commence, mais on ne sait jamais jusqu’où elle va aller. Je propose à chacun d’entre nous de se souvenir de quelqu’un qu’il connaît qui a perdu un proche ou bien est sorti traumatisé de la guerre, pour se rappeler que la guerre doit rester le dernier choix, le choix qu’on prend quand il n’y a pas d’autres choix.
Mais ce n’est pas tout. Car après tout, nous sifflent à l’oreille nos dirigeants, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Est-ce vrai ?
Seuls, nous n’aurions jamais pu accomplir tout ce que nous avons accompli. Si le président Nixon ne s’était pas hâté de réapprovisionner nos stocks d’armes, nous ne serions pas sortis triomphants de la guerre de ‘73. Si en 2007, le président Bush ne nous avait pas fourni de « parapluie stratégique » – à en croire les publications étrangères – il est difficile de croire que l’opération pour détruire l’installation nucléaire syrienne aurait été mise en œuvre. Face à l’Iran non plus, nous ne sommes pas seuls. Nous ne pourrons nous occuper seuls des Iraniens. Toute solution bénéficiera forcément d’un parapluie américain. Même si l’Iran s’approche d’une capacité nucléaire, Israël n’aura pas les outils pour l’affronter seul.
Ma conclusion de la guerre de Kippour est que courber l’échine rend les choses difficiles pour les décisionnaires et est susceptible de mener à de mauvaises conclusions. Seulement, si nous savons nous protéger tout en essayant sans relâche de nous réconcilier avec nos voisins, il y a une chance que nous puissions survivre dans cette région. L’essentiel est que nous réussissions à mettre de côté notre arrogance, constamment questionner les décisions de nos dirigeants et nous ouvrir aux autres. Nous ne sommes pas seuls dans cette région.