Le premier exil (586-538 av.)
La conquête babylonienne mit fin au premier Etat juif (période du Premier Temple) mais n'entama pas les liens entre le peuple juif et la Terre d'Israël.
Sur les rives des fleuves de Babylone, les déportés firent le serment de ne jamais oublier leur patrie :
Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite me refuse son service ; que ma langue se colle à mon palais si je ne place Jérusalem au faîte de ma joie. (Psaume 137, 5-6)
L'exil en Babylonie qui suivit la destruction du Premier Temple (586 av.) marqua le début de la diaspora juive. C'est alors que le judaïsme commence à élaborer un cadre religieux et un mode de vie hors du Pays d'Israël, assurant ainsi la survie nationale et l'identité spirituelle du peuple et lui insufflant la vitalité nécessaire pour préserver son avenir en tant que nation.
Périodes perse et hellénistique (538-142
av. l'ère chrétienne)
Par suite d'un décret de Cyrus, roi de Perse et
conquérant de l'empire de Babylonie (538 av.) près de 50 000 juifs, sous la
direction de Zorobabel, descendant de la Maison de David, prirent le chemin du
retour dans leur pays. Moins d'un siècle plus tard, le Second Retour fut
conduit par Ezra le Scribe. Pendant les quatre siècles suivants, les juifs
connurent divers degrés d'autonomie sous la domination perse (538-333 av.) puis
hellénistique (sous les Ptolémées et les Séleucides) de 332 à 142 avant l'ère chrétienne.
Le retour des juifs sous la direction inspirée d'Ezra, la
construction du Second Temple sur les ruines du Premier Temple, la
fortification des murailles de Jérusalem et la constitution de l'organisme
juridique et religieux suprême, la Knesset Haguedola (Grande Assemblée)
marquèrent les débuts de la période du Second Temple. Au sein de l'Empire
perse, la Juda était une nation dont la direction était confiée au grand-prêtre
et au Conseil des anciens de Jérusalem.
Faisant partie de l'ancien monde conquis par Alexandre le
Grand (332 av.) de Macédoine, le Pays demeurait une théocratie juive sous
contrôle des gouvernants séleucides au pouvoir en Syrie. La tentative de ces
derniers d'imposer la culture et les mœurs grecques à l'ensemble de la population,
en interdisant aux juifs de pratiquer le judaïsme et profanant le Temple,
déclencha une révolte en 166 av.
La dynastie asmonéenne (142-63 av.)
D'abord menés par Mattathias de la dynastie sacerdotale
des Asmonéens, puis par son fils Judah, dit le Maccabée, les juifs pénétrèrent
dans Jérusalem et purifièrent le Temple (164 av.). Ces événements sont
commémorés chaque année lors de la fête de Hanouccah.
Par suite des victoires asmonéennes (147 av.), les
Séleucides rétablirent l'autonomie de la Judée, comme on appelait alors le Pays
d'Israël, et lors de l'effondrement du royaume séleucide (129 av.), le pays
retrouva son indépendance. Sous la dynastie asmonéenne qui dura environ 80 ans,
le royaume récupéra des frontières assez semblables à celles du royaume de
Salomon. Le pouvoir politique fut consolidé et la vie juive connut un nouvel
essor.
Sous la domination romaine (63 av.-313)
Lorsque les Romains, devenus la grande puissance de la
région, succédèrent aux Séleucides, ils accordèrent au roi asmonéen régnant,
Hyrcan II, une autorité limitée, sous le contrôle du gouverneur romain de
Damas. Les juifs, hostiles au nouveau régime, multiplièrent les insurrections
au cours des années suivantes. C'est Mattathias Antigone qui fit la dernière
tentative de restaurer la gloire de la dynastie asmonéenne. Sa défaite et sa
mort mirent fin au régime des Asmonéens (40 av.) et le pays devint une province
de l'Empire romain.
En 37 av., Hérode, gendre d'Hyrcan II, fut nommé roi de
Judée par les Romains. Jouissant d'une autonomie quasi illimitée pour les
affaires intérieures du pays, il devint l'un des monarques les plus puissants
des provinces orientales de l'Empire romain. Grand admirateur de la culture
gréco-romaine, Hérode lança un vaste programme de construction comprenant les
villes de Césarée et Sébastia et les forteresses d'Hérodion et de Massada. Il
restaura également le Temple et en fit l'un des édifices les plus magnifiques
de l'époque. Mais en dépit de toutes ses réalisations, Hérode ne parvint pas à
gagner la confiance et le soutien de ses sujets juifs.
Dix ans après sa mort (4 av.), la Judée passa sous
administration romaine directe. La colère croissante contre la suppression
systématique de la vie juive dégénéra en violences sporadiques qui culminèrent
dans une révolte de grande envergure en l'an 66 de l'ère chrétienne. La
supériorité des légions romaines menées par Titus finit par l'emporter, rasant
Jérusalem (an 70) et réduisant le dernier bastion des rebelles juifs, Massada,
en l'an 73.
Massada
Près de 1 000 hommes, femmes et enfants juifs qui avaient
survécu à la destruction de Jérusalem, occupèrent et fortifièrent le palais du
roi Hérode situé au sommet d'une montagne près de la mer Morte. Pendant trois
ans, ils résistèrent aux assauts répétés des Romains pour les déloger. Lorsque
les Romains finirent par percer une brèche et pénétrer à l'intérieur, ils
découvrirent que les défenseurs et leurs familles avaient préféré se donner la
mort plutôt que d'être réduits en esclavage.
La destruction totale de Jérusalem et du second Temple fut une catastrophe pour
le peuple juif. Selon l'historien de l'époque Flavius Josèphe, des centaines de
milliers de juifs périrent durant le siège de Jérusalem et ailleurs dans le
pays, et plusieurs milliers furent réduits en esclavage.
Le chef d'une dernière révolte, Shimon Bar Kokhba (132)
réussit à restaurer brièvement la souveraineté juive et à reconquérir Jérusalem
et la Judée. Mais étant donné l'écrasante puissance des Romains, le résultat
était inévitable. Trois ans plus tard, conformément à la coutume romaine,
Jérusalem fut rasée et son sol labouré par une charrue tirée par un bœuf.
La Judée est désormais appelée Palaestina et Jérusalem Aelia Capitolina.
Le Temple détruit et Jérusalem réduite en cendres, les
juifs survécurent à l'affrontement avec Rome. Le corps législatif et judiciaire
suprême, le Sanhédrin (successeur de la Knesset HaGuedola) se réunit à Yavné
(70) et plus tard à Tibériade. Privée du cadre unificateur de l'Etat et du
Temple, la petite communauté juive demeurant dans le pays se rétablit
progressivement, épisodiquement renforcée par le retour des exilés. Les
institutions et la vie communautaire furent restaurées, les prêtres cédant la
place aux rabbins et la synagogue devenant le foyer central des communautés juives,
comme en témoignent les vestiges de synagogues retrouvés à Capharnaüm, Korazin,
Bar'am, Gamla et ailleurs. La Halakhah (droit religieux) devint le lien
unissant les juifs et se transmit de génération en génération.
La Halakhah
La Halakhah est l'ensemble des lois réglant la vie juive
depuis les temps post-bibliques dans le monde entier. Elle détermine les
obligations religieuses des juifs, aussi bien dans leurs relations personnelles
que dans le domaine rituel et couvre pratiquement tous les aspects du
comportement humain : naissance et mariage, joie et deuil, agriculture et
commerce, morale et théologie.
Enracinée dans la Bible, l'autorité de la Halakhah se
fonde sur le Talmud, ensemble de lois et de savoir juifs (achevé vers 400),
comprenant la Mishna, première compilation écrite de la Loi orale (codifiée
vers 210) et la Guemara, commentaire de la Mishna. Pour permettre aux juifs de
se retrouver dans l'immensité de la Halakhah, des résumés succincts et
pratiques ont été composés par des sages dès les premiers siècles de l'ère
chrétienne. Parmi les codes qui jouissent de la plus grande autorité, il faut
citer le Choulkhan Aroukh, rédigé par Joseph Caro à Safed (Tzfat) au XVIe siècle.
La Ménorah à
travers les âges
Le chandelier d’or à
sept branches était un objet de culte essentiel du temple de Salomon. Il est
resté, sous un nombre infini de formes, le symbole du patrimoine et des
traditions du judaïsme dans tous les pays de la diaspora juive.
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