Remarks on Yom Hashoah 2018

Yom Hashoah 2018

  •   Allocutions de S.E. Aviva Raz Shechter
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    ​On 12 April 2018, 800 people gathered in Geneva to mark Yom Hashoah, Holocaust Remembrance Day.
  •   Ambassador Aviva Raz Shechter during the Yom Hashoah ceremony
     
    fun grinem palmenland biz vaysn land fun shney,
    mir kumen on mit undzer payn, mit undzer vey,
    un vu gefaln iz a shprits fun undzer blut,
    shprotsn vet dort undzer gvure, undzer mut!

    vi a parol zol geyn dos lid fun dor tsu dor.

    Des palmiers verts jusqu’au lointains pays neigeux,
    Nous sommes là ! Le cœur en peine et douloureux,
    Où notre sang, goutte après goutte, fut semé,
    Notre courage et notre force vont germer.

    Que notre chant soit un appel de génération en génération.


    Cher Monsieur Claude BLOCH et tous les rescapés ici présents,
    Monsieur le Vice-Président du Conseil d’Etat (M. Mauro Poggia)
    Madame la Vice-Présidente du Conseil administratif de la Ville de Genève (Mme. Sandrine Salerno)
    Excellences, 
    Monsieur Joel Herzog,
    Chers représentants des autorités religieuses et des institutions communautaires,
    Mesdames, Messieurs,
    Chers amis.


    Certains l’auront surement reconnu, le passage que je viens de lire est une strophe du Zog Nit Keymol – le Chant des Partisans, écrit par Hirsh Glick durant la révolte du Ghetto de Varsovie. Ce soir, comme chaque année, les élèves des écoles juives de Genève le chanteront fièrement en clôture de cette cérémonie.
    Autant dans la justesse des paroles, que dans l’acte de prononcer ce texte chaque année, ce chant incarnent particulièrement bien le thème de la cérémonie de ce soir : la transmission.

    L’Histoire du Peuple juif est celle d’un peuple éparpillé de par le monde. Un peuple victime des pires actes de barbarie. Mais un peuple fier, qui a toujours fait le choix de se battre, pour défendre et faire vivre sa culture. Par l’écris ou par l’oral, ces récits ont traversé le temps, transmis de génération en génération.

    Chaque année durant la fête de Pessah – que nous venons de célébrer - les familles juives à travers le monde se retrouvent pour lire la Hagada – le récit de l’Exode des Juifs fuyant l’Egypte sous le joug de Pharaon, et luttant pour leur liberté. Le mot Hagada vient du verbe hébreu  להגיד, qui veut dire « raconter ». Il faudrait donc peut être créer une nouvelle Hagada, la Hagada de la Shoa.


    Dans quelques instants, nous aurons le privilège d’écouter le témoignage de M. Claude BLOCH. Son récit, celui d’un adolescent de 15 ans au milieu du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, va nous prendre aux tripes. Le temps de son témoignage, nous serons transportés à ses côtés, revivant ensemble cette période sombre de l’humanité. 
    Mais qu’adviendra-t’il lorsque les derniers témoins directs de la Shoah ne seront plus là pour témoigner et faire face à ceux qui veulent réécrire l’Histoire ?

    Aujourd’hui, des brèches que nous pensions colmatées se rouvrent. La parole, mais également les actes antisémites se rependent. 

    Il y a trois ans, nous évoquions les victimes juives de l’Hypercasher abattues par la barbarie islamiste. Il y a deux ans, les propos antisémites et antisionistes de Dieudonné et Alain Soral. L’année passée les effets pervers et manipulateurs sur les jeunes générations des complotistes et révisionnistes sur les réseaux sociaux. Et aujourd’hui les meurtres abjects de Sarah Halimi et Mireille Knoll.

    Tout comme une maladie, l’antisémitisme se transmet, se propage et mute. Hier, le Juif parmi les Nations, aujourd’hui nous constatons également l’Etat juif parmi les Nations. 

    Mais le danger devient plus pressant lorsque des institutions, des Etats, décident de véhiculer et prendre à leur compte des propos antisémites et/ou révisionnistes. 

    L’Etat d’Israël est désormais une garantie pour les Juifs du monde entier, et il ne cessera de se battre – notamment auprès des Gouvernements et organisations internationales – contre toute forme d’antisémitisme, et s’assurer que la Shoah ne se reproduise jamais. 
    Mais au-delà de cela, il est de notre devoir, à nous tous en tant que citoyens de toute croyance, de ne jamais rester silencieux et s’opposer de manière acharnée à toute normalisation du racisme et de l’antisémitisme dans nos sociétés.

    En Israël cette journée est intitulée « יום הזיכרון לשואה ולגבורה - Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme ». Parce qu’au-delà des atrocités subis durant la Shoah, nous devons nous souvenir et transmettre les actes de bravoures, des Juifs et des non-Juifs, qui nous ont permis de survivre, et d’être là aujourd’hui.

    C’est donc bien auprès des plus jeunes générations que l’effort de transmission et d’éducation doit se focaliser. Des actions traditionnelles comme les voyages éducatifs ou les rencontres avec des rescapés doivent se poursuivre. Mais il est nécessaire d’innover pour mieux transmettre. 

    Je pense notamment à la présence de la CICAD au salon du livre qui proposera bientôt une variété d’approches pédagogiques sur le sujet. Ou encore, à une autre échelle, la désormais possible interaction avec des hologrammes de rescapés – comme celui de Eva Schloss qui était à Genève au mois de janvier.

    Mesdames, Messieurs,
    Chers amis.

    Dans une semaine, nous célébrerons les septante ans de l’indépendance de l’Etat d’Israël. Septante années de miracles, de réussites, et de difficultés surmontées. En regardant ces sept décennies, il est difficilement concevable de s’imaginer que l’Etat d’Israël a été porté par la vivacité et la volonté des rescapés des camps et autres persécutions. Mais à chacune de mes nombreuses rencontres avec des rescapés, c’est bien cette énergie et cette volonté de vivre, de se dépasser et de faire évoluer leurs sociétés qui m’éblouit. 

    Trois ans seulement après la fin de la Shoah, le Peuple Juif reprenait souffle. Et aujourd’hui, comme l’espérait Hirsh Glick en concluant son chant, nous pouvons dire fièrement : Mir zenen do ! Nous sommes présents. 

    Merci.
     
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