Monsieur le Grand Rabbin,
Monsieur le Président de la Communauté,
Chers Amis,
« Entre extermination et libération » telle est la devise
de Yad Vashem cette année à l’occasion de la commémoration de Yom Hashoah.
Cette commémoration se concentre sur l’année 1944, lorsque les Nazis,
bien que conscients qu’ils étaient sur le
point de perdre la guerre, s’acharnèrent malgré tout à poursuivre
l’extermination des juifs. En 1944, certaines villes furent libérées en
Europe de l’Est et de l’Ouest mais malgré cela, l’élimination de la
communauté juive hongroise et la dissolution finale
des ghettos de Lodz et Kovna eurent tout de même lieu.
Nous venons de
fêter Pessach et de lire la Haggadah. Nous avons lu l'ordre de Pharaon
de jeter chaque enfant juif mâle dans le Nil
"כל הבן הילוד, היאורה תשליכוהו".
Cette volonté primitive de Pharaon d’éliminer le peuple juif, si elle
avait abouti, aurait été aussi efficace que l'anéantissement planifié et
systématique des juifs par les Nazis
"ובכל דור ודור עומדים עלינו לכלותנו"
"A
chaque génération, il y a ceux qui cherchent à nous détruire". Et nous
lisons la Haggadah chaque année, afin de nous souvenir et de tirer les
leçons
du passé.
Yad Vashem a été créé par la Knesset en 1953, et la pierre angulaire de
cette institution a été posée en 1954, il y a 60 ans de cela. En Hébreu,
Yad signifie « mémorial » et Shem signifie "un nom". Yad Vashem est
devenu le lien entre un monde anéanti et la
vie qui a repris après. En se remémorant le passé, nous voulons
façonner l'avenir.
De nombreux
hommes et de femmes juifs ont sacrifié leur vie pour préserver puis
cacher des documents, des agendas et autres objets personnels qui furent
ensuite retrouvés après la guerre afin de nous
laisser un témoignage des atrocités qui se sont produites pendant
l’Holocauste. Les Juifs ont été aussi déterminés à veiller à ce que rien
ne soit oublié que les Nazis eux-mêmes étaient déterminés à effacer
toute trace d’identité juive, qu’elle soit matérielle
ou morale.
Par exemple,
la découverte des archives du Docteur Emmanuel Ringelblum de Varsovie,
cachées dans des cruches et des caisses de lait, a permis d’éclairer les
historiens sur la vie à Varsovie et dans son
ghetto.
Yad Vashem
est devenu le dépositaire de toute
cette mémoire. Il
remplit son rôle de « Yad ».
Mais ce mémorial a également initié des projets
visant à commémorer la mémoire de chaque Juif
assassiné durant l'Holocauste.
Yad Vashem a instauré les Pages de Témoignages,
דפי עד,
et des millions de noms
ont ainsi été commémorés.
« Chaque personne a un nom
"לכל איש יש שם"
«
Permettez-moi de conclure en citant les noms de
trois personnes qui me sont très chères.
Tout d'abord, celui de ma belle-mère,
Tsipora (ZICHRONA LIBRACHA), qui s'est échappée du
ghetto de Lodz, s’est rendue en Palestine et a
élevé trois enfants, huit
petits-enfants et cinq arrière-petits-enfants.
Ensuite, permettez-moi de citer les noms de
mon grand-oncle, Mordechai et celui de
son fils, Yehuda (ZICHRONAM LIBRACHA),
qui ont tous deux survécu aux camps de la mort et qui sont arrivés
en Palestine, Yehuda
devenant chercheur à l'Institut Weizman, élevant deux
fils, dont un médecin, chacun d’entre eux fondant lui-même sa propre famille.
עם ישראל חי
עושה שלום במרומיו, הוא יעשה שלום עלינו ועל כל ישראל ונאמר אמן.
Que celui qui
fait la paix
dans ses hauteurs puisse apporter la paix
sur nous et sur tout Israël.
Amen.