L'exemple israélien face à la menace terroriste

L'exemple israélien face à la menace terroriste

  •   Revue de la presse francaise
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    Israël est confronté depuis longtemps à ce fléau et a développé une expertise dans le domaine, qu’il est disposé à partager avec la France.
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    Suite à l’horrible attentat perpétré à Nice, le 14 juillet dernier, les représentants de la classe politique israélienne ont exprimé leurs condoléances à la France et aux familles des victimes.
    Le Premier ministre Benjamin NETANYAHU a, en outre, proposé l’aide d’Israël à la France dans la lutte contre le terrorisme (voir ci-contre la réaction du Premier ministre prononcée au lendemain des attentats).
    Israël est confronté depuis longtemps à ce fléau et a développé une expertise dans le domaine, qu’il est disposé à partager avec la France.
    Ces derniers jours, la presse française a largement relayé les dispositifs israéliens mis en œuvre pour protéger la population.
    L’expérience israélienne en matière de lutte antiterroriste a en effet permis à la population de développer au fil des années de nombreuses pratiques afin de lutter contre le terrorisme en restant « alerte » sans pour autant vivre dans la terreur ni dans la peur.
    Du sang-froid, de la vigilance de toute la population, de la solidarité, de l'adaptation permanente, de la formation, de l'éducation, des moyens, des personnes armées en permanence ainsi qu'un système de renseignement adapté aux multiples menaces sont parmi ces outils.
    Invitée à s’exprimer mardi à la radio RTL sur le terrible attentat de Nice, l'Ambassadeur d'Israel en France, son Excellence Aliza BIN NOUN a exprimé toutes ses condoléances aux victimes de l’attentat de Nice et à leurs proches et souhaité une guérison rapide aux blessés.
    Interrogée sur la gestion israélienne face à la menace terroriste, elle également expliqué que l’on ne peut pas éviter les attentats mais que l’on peut prendre certaines mesures, notamment en investissant beaucoup de moyens technologiques et humains pour éviter les attentats terroristes et dissuader les terroristes .
    • ENTREE DES BATIMENTS
    Dans un reportage, FranceTV Info pour France2, se demande après l'attentat de Nice s'il faut réfléchir à des dispositifs de sécurité particuliers comme il en existe en Israël, habitué à ce type d'attaques : « À quoi peut bien ressembler une ville comme Jérusalem en Israël où la sécurité est devenue la priorité ? Fouilles et détecteurs de métaux à l'entrée des grands magasins ou des gares.
    Dans toutes les villes d’Israël, indique le journal Libération « il n’y a pas un lieu public qui ne soit pas sécurisé. Impossible de pénétrer dans la moindre administration, hôpital, cinéma, centre commercial ou encore supermarché sans subir un contrôle
    D’autre part, ajoute La Croix  « les Israéliens ont appris à s’accommoder de la violence : ils se sont résignés aux portiques de sécurité et à la fouille des sacs devant les centres commerciaux, les cinémas ou les écoles, ainsi qu’aux caméras de surveillance. Depuis des décennies, les vols d’El Al (la principale compagnie aérienne israélienne) et l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv sont hypersécurisés. ».
     
    • TRANSPORTS
    Pour Marc IVALDI, Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales : face à l’ampleur du risque d’attaque terroriste dans les transports, il faut prendre des « mesures drastiques » « sur le modèle des dispositifs mis en place en Israël » : comme par exemple « limiter le nombre d’entrées et de sorties dans les stations de métro et mettre en place des fouilles systématiques des bagages à l’entrée des gares, avec des gardes armés ».
    France2 souligne également la présence d’ « agents de sécurité dans les transports qui patrouillent armes à la main sans que cela ne perturbe les voyageurs. »
    Dans les trains, les tramways et les autobus des gardes armés, détaille Libération « des anciens des unités spéciales de l’armée recrutés par le ministère des Transports - effectuent régulièrement des patrouilles, contrôlent les identités et procèdent à des interpellations si nécessaire. »
    Le Figaro rappelle d’autre part que face aux menaces que représentent les voitures béliers depuis 2008, « la municipalité de Jérusalem a fait installer des plots en béton empêchant des véhicules de s'approcher des stations d'autobus visées à plusieurs reprises par des voitures béliers. »
    Enfin, La Croix détaille que ce sont « pas moins de 300 bornes anti-bélier [qui] protègent aujourd’hui les stations de bus et de tramway à Jérusalem ».
    • VOIE PUBLIQUE ET RASSEMBLEMENTS
    France 2 mentionne la mise en place « sur la voie publique des unités antiterroristes à moto, prêtes à réagir. (…) Un quadrillage complété ces derniers mois par des piliers ne métal ou en pierre pour protéger les abribus, les quais du tramway, les parcs ou les terrasses des cafés. Avec 45 attaques de [véhicules lancés à vive allure] en moins d’un an les forces de sécurité ont dû s’adapter à ce nouveau risque. Comme dans un simulateur où les soldats s’entrainent à réagir à des attaques fictives. »
    L’ex-conseiller antiterroriste du Premier ministre israélien Yoram SCHWEITZER explique dans le Journal du Dimanche qu’en Israël, où ont eu lieu des attaques au camion pour tuer massivement, « chaque important rassemblement de foules en plein air est précédé par un bouclage total de la zone avec l'installation de blocs de ciment ou des poids lourds en travers des axes pour interdire tout accès aux lieux. Cela ne veut pas dire qu'un attentat sera évité, mais cela dissuadera toute attaque au moyen d'un véhicule ».
    Le Figaro rappelle que lorsqu’un événement d’ampleur se déroule « des vigiles privés sont aussi recrutés pour boucler le quartier avec des barrières de police », et se met également en place « un dispositif de sécurité auquel s’ajoute au moins un hélicoptère, une montgolfière statique truffée de caméras haute définition et, enfin, des snipers sur les toits. »
    Le Figaro expose également que « les consignes de tirs ont été « adaptées » : les policiers, soldats et civils ont le droit d'ouvrir le feu vers les pneus, le pare-brise ou le kamikaze au volant en cas de « danger immédiat ». (…) toutes les directives sont prises dans le cadre de la loi. Elles n'offrent pas une garantie de sécurité à 100 %, mais elles permettent de réduire les risques liés au terrorisme  ».
    • SERVICE MILITAIRE
    Comme l’analyse Boaz GANOR, directeur de l’International Institue for Counter Terrorism à L’Express : « la sensibilisation et la résilience du grand public constituent un atout maitre ».
    La société israélienne est très étroitement impliquée dans la lutte contre le terrorisme. Le rôle de l’armée n’y est pas étranger : le service militaire dure trois ans (deux ans pour les femmes). Chaque jeune Israélien bénéficie donc d’une formation militaire durable.
    Astreints au service militaire, précise La Croix, « les jeunes Israéliens sont formés au maniement des armes et au krav maga (technique de combat pour l’autodéfense).
    Ainsi, en cas d’attaque, les terroristes vont se heurter indique Causeur « à un peuple préparé à la riposte, reposant sur la présence d’hommes (et de femmes) armés dans la foule : policiers, militaires en service ou en permission, réservistes bénéficiant d’une autorisation de port d’arme »
    • RESEAUX SOCIAUX
    Causeur précise qu’en Israël,  les précautions pour ajouter les « contrôles systématiques de tout individu présentant un comportement suspect et la surveillance des réseaux sociaux (…) ont limité le nombre des victimes d’attentats en ville ».
     
    En effet La Croix apprend que : « les indicateurs des renseignements sont omniprésents, et des experts en cybernétique explorent le Web et les réseaux sociaux. Israël veut promouvoir des lois contraignant Facebook à filtrer les messages d’incitation à la haine. »
     
    Israel a beaucoup investi dans les réseaux sociaux : « notamment depuis que l'influence de l'Etat islamique se fait ressentir auprès de certains jeunes Palestiniens autoradicalisés, dont le combat s'inscrit davantage dans une logique djihadiste » soulignent encore Les Echos.
     
    • RENSEIGNEMENT
    Axel DYEVRE, Directeur associé de la Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique, explicite dans Le Nouvel Obs que la question de la sureté relève avant tout d’un choix de société: « Il est impossible à l’heure actuelle de sécuriser l’ensemble des cibles urbaines et périurbaines car il n’y a pas de recette miracle. Il s’agit avant tout d’un problème de police et de renseignement. Il faut donc faire des choix : celui d’Israël, par exemple, est radical »
     
    David KHALFA, chercheur associé du Think Tank IPSE rappelle dans Les Echos que « l'antiterrorisme israélien est fondé sur des modes d'action défensifs (barrières de sécurité, barrages militaires filtrants…) et offensifs (infiltrations, arrestations préventives). Cette double approche couplée à la coopération sécuritaire avec l'Autorité palestinienne a permis à l'Etat hébreu de faire baisser de manière substantielle le nombre d'attentats de grande ampleur. (…)La clef de voûte du système antiterroriste israélien est le renseignement qui fonctionne « en cercles concentriques (…) Israël peut donc faire preuve d'une capacité de réaction ultrarapide lorsqu'un attentat se produit. D’autant que la société civile israélienne est très impliquée dans le combat antiterroriste. »
    Pour Yoram SCHWEITZER il faut prendre des « contre-mesures qui limitent la liberté de mouvement des terroristes, en « pensant à se mettre à la place des terroristes, en anticipant leurs plans d'action, qui se renouvellent constamment. Il faut aussi partager ses expériences avec les autres pays ciblés pour améliorer les dispositifs afin de ne plus être pris par surprise ».
    • AIDE AUX VICTIMES
    Sur RTL [minutes 13’25 à 20’00], l'Ambassadeur d'Israel en France Aliza BIN NOUN a mentionné la question de la gestion de l’attentat sur place avec l’engagement de forces et la présence de l’équivalent de la Croix Rouge, des travailleurs sociaux, la police, des forces militaires, des fonctionnaires de la mairie et de beaucoup de services qui sont sur les lieux de l’attentat pour gérer la situation.
    D’autre part, « la résilience pour les survivants et les témoins proches des attaques terroristes est fonction des soins  qui leur sont apportés très rapidement dans le cadre d’une médecine de guerre. La prévention des syndromes post-traumatiques fait l’objet de techniques nouvelles dont la dureté s’avère nécessaire pour permettre aux victimes de sortir d’un état souvent quasi autistique » rappelle Causeur .
    Concernant la phase de suivi, d’aide et de réhabilitation des blessés, des familles endeuillées, de ceux qui ont perdu leur travail, Aliza BIN NOUN a précisé qu’en Israël des services spéciaux avaient également été mis en place dans les mairies pour accompagner les victimes.
    La Croix informe ainsi qu’en Israël « l’État octroie une aide aux familles meurtries par les attentats. Et le calendrier prévoit un Jour du souvenir des soldats tombés au champ d’honneur, auxquels sont associées les victimes du terrorisme ».
    • EDUCATION ET VIGILANCE DE LA POPULATION
    Pour lutter contre la menace terroriste, le plus efficace en Israël, commente France 2, reste l’observation : il y a [quelques] jours c’est un simple vigile qui a repéré le comportement suspect d’un homme sur le quai du tramway. Arrêté, il transportait 3 bombes dans son sac à dos.
    Le politologue et géopoliticien français Dominique MOISI mentionne quant à lui dans Le Point et Les Echos une nécessaire « israélisation des esprits » se référent ainsi à l’idée d’ « avoir présent à l'esprit en permanence la menace terroriste. Une forme de sixième sens, de réflexe qui, dans un processus darwinien, devient comme une adaptation, sinon une extension de soi. (…)Vivre à l'ombre de la menace terroriste doit renforcer un sentiment d'insécurité qui vous pousse tout à la fois à regarder plus attentivement la réalité autour de vous et à un sentiment collectif plus fort. Face à la menace diffuse, on est plus fort ensemble ».
    « Savoir qu'une attaque va avoir lieu nous permet de nous entraîner. Pas forcément pour la déjouer, mais pour subir le moins de pertes possible. Cela va de la formation des premiers secours, qui interviennent dans des temps records et soignent les victimes sur place dans des postes avancés, à une éducation à la vigilance et à la discipline dans tous les secteurs de la société » selon Yoram SCHWEITZER.
    Libération mentionne les propos du chroniqueur radio israélien Razi BARKAÏ qu’ « au fil des ans, cette éducation s’est développée au point que n’importe quel écolier connaît les mesures de sécurité à prendre en cas de bombardement ou d’explosion. «On croit que c’est pesant, mais ce n’est pas le cas car les Israéliens ont les pieds sur terre, ils savent dans quelle région ils vivent. D’ailleurs, à chaque fois qu’un attentat se produit chez nous, ils exigent davantage de mesures de sécurité ».
    Pour l’expert Yoram SCHWEITZER : « [les israéliens se réadaptent] à chaque nouvel attentat et nous apprenons nos leçons dans le sang et les larmes. Nous essayons de faire valoir - dans les entreprises, dans le secteur associatif comme au niveau des pouvoirs publics - le devoir de "tenir bon" dans l'épreuve sans basculer dans la contre-violence. Cela doit impérativement s'accompagner de moyens dans le suivi traumatique des victimes et dans le soutien à la cohésion sociale, ce qui a un prix ».
    Cependant le conseiller spécial de l’IFRI Dominique MOISI ajoute aussi qu’« apprendre à vivre avec le terrorisme ne signifie pas renier l'Etat de droit, au contraire. Trahir nos valeurs, ce serait faire exactement ce que souhaite notre ennemi. (…)On ne doit pas attendre « tout », mais l'essentiel de l'Etat ».
     « La société civile - comme c'est le cas depuis très longtemps dans la société israélienne - doit contribuer à sa propre sécurité et servir de relais à l'action de l'Etat, « seul détenteur de l'usage légitime de la force », pour reprendre la formule de Max Weber. » conclue Dominique MOISI.
    La Croix conclue : « Vaincre le terrorisme, c’est continuer de vivre le plus normalement possible ».