Alors que l'économie mondiale émerge doucement de la récession, Israël a rapidement récupéré une situation économique stable et la bourse de Tel Aviv a été la première de toutes les bourses occidentales à réaliser des prouesses dès 2009. Pour comprendre ce phénomène, il faut tout d'abord revenir sur la situation économique du pays à la veille de la crise.D'un point de vue macroéconomique, Israël est en 2008 dans sa meilleure situation depuis sa création. Le déficit budgétaire atteint près de 0 en 2007 et la dette nationale est fortement réduite grâce à des coupes budgétaires colossales et une augmentation des impôts sur le revenu. Israël est alors une destination privilégiée pour les investisseurs et affiche, pour la première fois de son histoire, une balance commerciale positive.
Ainsi, lorsque la crise commence à se répandre à travers le monde, on pense que les jours heureux d'Israel sont terminés. Ce n'est pas vraiment le cas et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, il faut souligner la nature conservatrice du système bancaire israélien, ce qui fait qu'il n'a pas été pas significativement exposé au marché des subprimes, responsable de la chute de certaines grandes firmes de Wall Street. De plus, les réserves étaient suffisantes pour garantir aux investisseurs la sécurité du secteur financier d'Israël.
En 2008, Israël avait vu cinq années consécutives de forte croissance - plus de 5% chaque année - ce qui positionnait le pays dans une position forte pour faire face à la récession. L'inflation, fléau de l'économie israélienne dans les années 1980, avait été mise sous contrôle par les politiques agressives, encouragées par la confiance des investisseurs.
Ensuite, Israël avait élaboré un certain nombre de secteurs d'exportation différents, en particulier la fabrication Hi-Tech, permettant un compte de la balance extérieure plus équilibré.
Une autre raison a été la flexibilité des syndicats tout au début de la crise. Les principaux syndicats du pays, dont le plus grand Histadrut, ont accepté des coupes budgétaires de court terme.
Ainsi, grâce à une situation économique excellente en 2008, le développement des exportations de haute technologie et un dialogue social existant, Israël a pu, dès 2009, récupérer ses taux de salaires et d'emplois d'avant la crise, alors même que les Etats-Unis et l'Europe restaient encore dans le rouge.
La balance des paiements
Jusqu'à ces dernières années, le problème permanent du déficit de la balance commerciale constituait le prix à payer par Israël pour le "miracle" de sa croissance rapide, obtenue tout en relevant avec succès les quatre défis nationaux. L'écart annuel entre un niveau élevé d'importations et un volume nettement inférieur d'exportations souligne la dépendance économique vis-à-vis des ressources étrangères. Tous les gouvernements d'Israël ont donc toujours eu parmi leurs premiers objectifs - atteint récemment – l'accession à "l'indépendance économique", c'est-à-dire le financement des importations par les exportations et la disparition de ce déficit.
Au cours des 48 premières années suivant l'indépendance d'Israël, ce déficit n'a cessé de se creuser, a été multiplié par 45 (en prix courants), passant de 222 millions de dollars en 1949 à 10,1 milliards de dollars en 1996. En termes relatifs cependant, le déclin constant du déficit indiquait que le problème était en voie d'être résolu : alors qu'en 1950 les exportations ne couvraient que 14% des importations, en 1960, ce taux est passé à 51% pour parvenir en 1996 à 79%. Depuis lors, le déficit réel a commencé à décliner, passant de 4,7 milliards en 2001 et à seulement 0,7 milliard en 2005, les exportations de biens et services finançant tous les importations.
Au cours des 61 années écoulées, Israël a dû mobiliser 176 milliards de dollars (en chiffres courants) pour couvrir tous ses déficits commerciaux annuels. Près des deux-tiers de ce déficit cumulé ont été fournis par des transferts unilatéraux de capitaux, comme les fonds apportés par les immigrants, les pensions étrangères, les dons faits par les communautés juives de l'étranger à des institutions sociales, éducatives ou sanitaires, les allocations de gouvernements étrangers et plus particulièrement l'assistance du gouvernement américain. Le reste a été financé par des emprunts contractés auprès d'individus, de banques et de gouvernements étrangers, emprunts qu'Israël rembourse régulièrement depuis les débuts de son existence.
Ainsi, la dette extérieure s'est accrue chaque année jusqu'en 1985 où, pour la première fois, Israël a emprunté moins qu'il n'a remboursé. Cette tendance positive est revenue pour quelques années jusqu'à ce que la dette nette nationale extérieure atteigne un nouveau sommet de 20,8 milliards de dollars en 1995. Durant la dernière décennie, il a considérablement diminué, en baisse à zéro, et depuis 2002 il devient positif - à savoir, Israël est un créancier - avec «le monde» en raison plus que d'Israël doit au monde, avec une différence nette de 50 milliards de dollars en 2010.
Le commerce extérieur
Avec une économie s'appuyant sur marché intérieur limité, la croissance d’Israël repose principalement sur le développement de ses exportations.
La majeure partie des ressources créatives du pays a été consacrée à l’expansion des exportations industrielles, multipliées par presque 3 000 (en prix courants) en 56 ans, passant de 13 millions de dollars en 1950 à 52 millions de dollars en 1955, 1,4 milliard en 1975, 5,6 milliards en 1985, 30,8 milliards en 2000 et 34,6 milliards en 2009.
Ces dernières années, plus de 85 % de toutes les importations de biens – qui atteignaient en 2009 la somme de 47,3 milliards de dollars – concernait des produits manufacturés et du carburant provenant pour 54 % d'Europe, 17 % des Amériques, 16 % d'Asie, et les 13 % restants d'autres pays.
Pendant les années 1990, les exportations industrielles d'Israel vers les Etats-Unis ont dépassé les importations en provenance de ce pays. Depuis 2000, le phénomène se reproduit, en excluant les exportations de diamants.
Le fait qu'Israël fait partie de l'Accord sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), doublé de la décision d'instituer une zone de libre-échange de produits industriels avec la Communauté européenne (1975) et de l'ensemble des produits avec les Etats-Unis (1985) a accru la compétitivité des exportations israéliennes. De fait, les produits israéliens sont exemptés de taxes douanières à leur entrée dans l'Union européenne comme aux Etats-Unis. Ce qui permet aux producteurs israéliens de cibler un marché quelque 110 fois supérieur au marché local, et d'attirer des investisseurs désireux d'exporter leur production en Europe sans frais de douane. Des investisseurs israéliens ont également conclu des joint-ventures avec des entreprises jordaniennes et égyptiennes dans des zones industrielles spéciales, facilitant l'exportation de produits hors-taxes vers les Etats-Unis et l'Union européenne.
Pour maximiser leurs chances de succès, les entreprises israéliennes localement implantées recherchent constamment des créneaux sur les marchés mondiaux. La création de joint-ventures avec des sociétés industrielles étrangères exploite à la fois les innovations locales et le potentiel de production étrangère et de pénétration des marchés. Des projets conjoints ont été entrepris en électronique, logiciels, équipements médicaux, imprimerie et graphisme assisté par ordinateur. Nombre de ces projets conjoints sont financés par des fondations binationales de coopération en recherche et développement telles que la BIRD (Etats-Unis) ; le CIIRDF (Canada) ; le SIIRD (Singapour) ; la BRITECH (Royaume Uni); la KORIL-RDF (Corée du Sud) ; la VISTECH (Etat de Victoria en Australie).