La culture israélienne s'expose au Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille avec trois artistes
Ouverture le 7 juin
Sigalit LANDAU
Sigalit LANDAU exposera « Water Meter Tree » une accumulation de tuyaux et de compteurs traitant la question du partage de l'eau, de son acheminement et de sa surexploitation à « La Galerie de la Méditerranée ».
Sigalit LANDAU est une artiste qui a mis les questions environnementale et politique au centre de son œuvre. En immergeant en 2010 différents objets du quotidien dans la Mer morte et en exposant ces objets recouverts de cristallisations salines, elle a lié ces deux questions. A travers ces sculptures dont la matérialité est à la fois fascinante et toxique, dure comme la pierre et fragile, belle et stérile, elle évoque tout autant la catastrophe écologique qui se joue à ce point du globe (assèchement progressif de la mer) et l’enjeu stratégique que représente cette étendue d’eau dans la géopolitique contemporaine (entre Israël, la Jordanie et les territoires palestiniens). La question du partage de l’eau, de son acheminement et de sa surexploitation à l’ère industrielle se retrouve dans l’installation réalisée par l’artiste pour le pavillon israélien à la biennale de Venise en 2011. Elle y a construit d’énormes tuyaux aux couleurs du drapeau d’Israël évoquant plutôt des pipelines, démesurés pour alimenter en eau le seul pavillon. Une installation de chaussures aux lacets noués entre eux, réparties en cercle autour d’une table imaginaire rappelait également l’importance de la question de l’eau dans les négociations territoriales.
Avec une sculpture comme « Water Meter Tree », réalisée dans la foulée du pavillon, elle poursuit cette réflexion. A l’opposé de formes d’exploitation traditionnelles de l’eau comme la Sakieh, cette accumulation de tuyaux et de compteurs montre combien notre rapport à l’eau s’est aujourd’hui distancié de sa source. L’eau est acheminée, répartie et décomptée de manière industrielle et autoritaire, créant une situation de dépendance à l’égard de ceux qui en détiennent la maîtrise. Paradoxalement, cet « arbre » de tuyaux nous renvoie à l’illusion d’une ressource aquatique naturelle et inépuisable à laquelle la facilité d’ouverture d’un tuyau nous a habitués.
Par Jean-Roch Bouiller, conservateur art contemporain au MuCEM.
Tami NOTSANI
Tami NOTSANI nous fera découvrir une installation vidéo « Garde à vous » et photos «Parade » dans le cadre de l’exposition « Au bazar du genre ».
« Parade »
Ce corpus de photographies couleur et noir et blanc montre avec pudeur ce qu’est la Gay Parade annuelle à Tel-Aviv. C’est un rituel pratiqué dans bien d’autres pays, mais ce qui la distingue en Israël c’est entre autre ce besoin impérieux de se constituer en groupe en se donnant une identité (quitte à devoir la sur jouer), à se donner un cadre quasi légal, à s’affirmer coûte que coûte face au reste de la société. La société israélienne est schizophrène, entre laïque et religieux, culture machiste du soldat et culture gay, adeptes du grand Israël et partisans d’un accord juste, etc. Tout y semble plus extrême que dans la plupart des autres démocraties occidentales. La communauté gay n’y échappe pas et comment le pourrait-elle quand une partie de la population nie tout simplement son existence ou les considère comme anormaux ?! C’est un peu ce que Tami Notsani rend avec subtilité dans cette série de portraits à la fois drôles et touchants. On y perçoit un certain militantisme, une outrance, mais perce aussi une certaine fragilité, le tout enrobé dans une bonne dose d’humour. Tami s’attache à tous ses personnages et montre un peu qui se cache derrière chacun d’eux sans appuyer, d’un regard à la fois complice et précis sans ambages.
« Garde à vous » :
L'armée israélienne lui ayant refusé de filmer le premier jour des jeunes recrues à leur base, Tami Notsani a choisi de le faire chez eux, lorsqu'ils revêtent leur uniforme pour la seconde fois.
« Il y a quelque chose à la fois de touchant de voir ces ados endosser la responsabilité de servir leur pays (pour trois longues années pour les garçons et deux ans pour les filles) et de terriblement violent. J'ai trouvé la violence concentrée de ce brusque passage à l'âge adulte dans le rituel de l'habillage de chacun. C'est aussi une manière d'humaniser les soldats israéliens qui sont ici de jeunes adultes occidentaux forts banals… J’aimerais projeter cinq vidéos de cinq personnes à la fois de manière à suggérer l’effet de groupe de ce rituel de passage obligé. Voir cinq jeunes adultes faire un strip-tease avant de revêtir leur uniforme procure à la fois une sensation sensuelle, et de gêne, placés que nous sommes dans le rôle de voyeurs. C’est aussi une manière d’humaniser les soldats israéliens qui sont ici de jeunes adultes occidentaux forts banals. »
Tami Notsani
Image extraite de la vidéo :
http: //tamin.free
Michal HEIMAN
Michal Heiman présente ses toiles « Attacks on linking – What’s on your mind » dans l’exposition "Le Noir et le Bleu, un rêve méditerranéen".
Enseignante et conservatrice de l’Académie des Arts et du Design de Bezalel à Jérusalem, à la Faculté des Arts de l’Université de Tel Aviv et pour le Programme d’Etudes supérieures de Psychothérapie à la Faculté de Médecine de Sackler, les pratiques interdisciplinaires de Michal Heiman se portent sur les installations, la peinture, la photographie et la vidéo. Son travail s’inspire d’une recherche en philosophie, psychologie, et s’articule autour des thèmes de la psychanalyse, de la recherche clinique, de l’histoire de l’art, de la politique, et du débat autour du genre.
Plus d'informations:
www.mucem.org