Marseille Provence 2013 Photo: Magali Barthès
La médiation culturelle panse souvent les maux, elle les prévient aussi. C’est à Marseille, désormais capitale européenne de la culture, que des artistes israéliens ont jeté l’ancre avec « Israël en scènes 2013 ».
Un rendez-vous qui confirme une fois de plus la bonne santé de la culture israélienne à l’étranger. Tout au long de l’année vont se succéder expositions, concerts, danse, musique, littérature, et le cirque même va ouvrir ses portes. Le 14 février, au Pavillon M, Barnéa Hassid, le consul général d’Israël à Marseille, ville au fort potentiel innovant, lançait le coup d’envoi en présence des élus et partenaires culturels. Une quarantaine de manifestations auront lieu à travers les villes phares de MP 2013 qui sont, outre Marseille, Aix-en-Provence, Arles et Aubagne.
La ville de Marseille, à travers sa dernière réalisation, le Mucem, musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, est aujourd’hui le réceptacle de ce foisonnement culturel. C’est en ces termes que s’exprime Barnéa Hassid, lors de son discours inaugural : « La scène israélienne est une grande fête de la créativité, en coopération avec toutes les cultures du monde. La capitale européenne de la culture nous a permis de dévoiler une panoplie étendue de la performance israélienne dans tous ces domaines. Je suis vraiment très ému de démarrer cette année avec cette rencontre qui va nous permettre d’introduire les artistes israéliens et à travers eux la réalité israélienne ».
Longtemps considérée comme une pomme de discorde, la mer Méditerranée est aujourd’hui le sujet de projets ambitieux comme l’Union pour la Méditerranée. De juin à décembre, l’exposition intitulée « Le Noir et le Bleu, un rêve méditerranéen », proposée par Michal Heiman, conservatrice de l’Académie des arts et du design de Bezalel à Jérusalem, retrace les différentes interprétations du rêve méditerranéen du 18e au 21e siècle. Photographies, sculptures, peintures, manuscrits, autant d’oeuvres permettant de révéler la richesse des civilisations méditerranéennes, avec des thèmes aussi diversifiés que la psychanalyse, l’histoire de l’art, la politique… Par le biais du cirque, discipline peu développée en Israël, le spectacle « Somewhere and nowhere », co-écrit par Orit Nevo et Guy Carrara, aborde le thème de l’immigration, irrémédiablement présent au sein de la société israélienne.
Il met en scène des hommes et des femmes n’ayant plus la notion du temps. L’artiste de cirque se mue en un voyageur emportant dans ses bagages ses accessoires, ses agrès, son vécu… Guy Carrara, du pôle national des arts du cirque Méditerranée, a souligné par ailleurs « l’importance d’un soutien institutionnel du cirque contemporain en Israël ».
Marseille, tête de pont culturel vers Israël
Du 28 février au 1er mars, le public du Pavillon Noir d’Aixen- Provence aura le rare privilège de découvrir trois chorégraphes israéliennes de grand talent. Avec « Translation included », Lee Meir, premier prix de la Biennale des jeunes chorégraphes en 2011, livre une pièce pleine d’humour et d’intelligence, entre présentation et représentation, réel et performance. Prenant modèle sur le personnage de Calypso, quatre danseuses dirigées par Noa Shadur confrontent leurs propres images aux représentations populaires de la sexualité féminine à travers l’histoire. Le duo « High Expectations », mis en scène par Dafi Altabeb, exalte la beauté féminine, sur un air extrait de « Roméo et Juliette », interprété par Maria Callas, « Je veux vivre dans ce rêve ».
A l’image de son peuple, la musique israélienne est l’expression de multiples influences tadjikies, ouzbèkes, irakiennes ou iraniennes. Du 21 au 23 mars, le festival « Babelmed World Music Forum » aux Docks des suds de Marseille, s’en fera l’écho, avec la prestation de la famille Alaev, originaire de la communauté juive de Boukhara. Cette famille compte sur scène trois générations de musiciens.
En clôture de la présentation d’« Israël en scènes 2013 », le saxophoniste israélien de jazz Shauli Einav, accompagné des danseuses du ballet d’Europe, la Française Marion Baudinaud et l’Italienne Sara Lupoli, a offert un avant-goût du concert qu’il donnera au Pavillon M le 28 avril, à l’occasion de la semaine de l’excellence israélienne. Il a confié : « C’était une première collaboration et j’ai eu plaisir à voir l’expression gestuelle de ma partition. Lorsque je représente mon pays, c’est une grande partie de mon héritage et j’en suis fier ».
Le grand écran sera naturellement associé aux événements de cette année 2013 à l’occasion du 14e festival « Regards sur le cinéma israélien » (du 12 au 18 juin, au cinéma Variétés).
Sous l’impulsion de l’association « Jeune création », il s’agit pour de jeunes artistes français de donner leur vision d’Israël, à la suite d’un séjour au pays.
Bien d’autres projets témoignent des liens que tisse Marseille avec Israël : la Quinzaine israélienne pour un focus photo… l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée qui invite les artistes israéliens, le festival de jazz des cinq continents… Marseille et Israël… Combien de convergences entre deux territoires cosmopolites aux traditions millénaires ? Combien de ponts de communication dressés au-delà des années, notamment par le biais du jumelage entre Marseille et Haïfa (dont la signature remonte presque à celle de l’Etat hébreu, le 10 juillet 1958) ? Gageons qu’« Israël en scènes 2013 » fortifie cette amitié et la propage à tous les peuples de la Méditerranée.