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Où sont les valeurs de l’UE face à des terroristes

  •   Par Emmanuel Dubois
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    La Libre Belgique - mercredi 16 juillet 2014

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    Beaumont, près de la frontière française. La ville martyre a déjà subi plus de 450 roquettes et obus de mortier depuis le début de l’année, 200 ces trois dernières semaines. Depuis 24 heures, pas moins de 130 roquettes et missiles ont été lancées sur toute la région ouest de la Belgique par des groupes terroristes et djihadistes cachés dans les centres urbains du nord de la France. Binche, Mons et Charleroi ont essuyé des tirs, obligeant les habitants à descendre dans les abris antiaériens.

    Après s’être réuni plusieurs jours sans résultat, le gouvernement a finalement ordonné à la force aérienne de bombarder les djihadistes afin de détruire leurs positions de tir et leurs stocks de missiles et de roquettes. Les F-16 de la composante aérienne belge sont immédiatement intervenus.

    Les responsables des mouvements djihadistes ont déclaré que désormais toute cible belge était légitime et ont poursuivi les tirs de missiles sur Namur et Bruxelles. On a signalé un tir sur la ville de Gand.

    Dans ce contexte dramatique, les membres du gouvernement multiplient les manifestations de fermeté. Plusieurs ministres ont visité les localités proches de la frontière française en signe à la fois de détermination face aux djihadistes et de solidarité envers une population très éprouvée. Ainsi, la Ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet a tenu à faire une courte visite aux habitants de Beaumont, durement touchés par les bombardements depuis plusieurs années déjà. Elle a réaffirmé la volonté du gouvernement de faire cesser les tirs, ajoutant qu’aucun gouvernement n’accepterait que sa population civile soit ainsi menacée. Les habitants de Beaumont ont quant à eux assuré la Ministre de leur soutien au gouvernement et à l’armée, demandant cependant aux autorités d’aller jusqu’au bout face aux djihadistes et d’éradiquer totalement leur capacité de tir.

    Les lignes qui précèdent relèvent évidemment et fort heureusement de la fiction. Dans le contexte européen actuel, la Belgique vit paisiblement avec ses voisins. C’est pourtant ce que vivent les trois quarts d’habitants israéliens, soit près de 6 millions d’Israéliens. Israël est un pays à peine plus petit que la Belgique avec ses 8 millions habitants pour une superficie juste un peu plus modeste.

    Le Moyen-Orient semble souvent loin et incompréhensible pour les Européens. Même les diplomates paraissent souvent éloignés des réalités sur le terrain par leurs déclarations convenues, tandis que les médias, si prompts à jouer sur l’émotionnel, peinent régulièrement à rapporter la dimension humaine et psychologique des tirs incessants de roquettes et de missiles sur la population civile israélienne, tiraillés qu’ils sont entre l’attrait d’un sensationnalisme facile et le recours aux mécanismes trompeurs de la fausse symétrie censée prévenir le journaliste de toute partialité.

    Loin des subtilités diplomatiques et des discussions feutrées des plateaux de télévision, la réalité sur le terrain invite cependant à plus de modestie dans les lectures à sens unique, mais suscite aussi l’étonnement devant l’indifférence des autorités, au-delà de quelques déclarations diplomatiques de circonstance, et des commentateurs face à des tirs qui, rappelons-le, constituent clairement des crimes de guerre aux yeux du droit international. Soulignons d’ailleurs au passage que le Hamas est une organisation ouvertement djihadiste, antisémite et génocidaire, ainsi qu’en témoignent aussi bien sa charte que ses actes.

    Pourquoi dans les pays européens, pourtant pionniers dans la promotion et la défense des droits humains, est-il devenu si difficile d’appeler un chat un chat et de dénoncer ceux qui terrorisent actuellement et volontairement la majorité de la population israélienne, au-delà des simples déclarations de circonstance vite nuancées par des appels à la retenue ou le recours à la notion jusqu’ici inexpliquée de proportionnalité, comme si on voulait conjurer le faux pas des déclarations précédentes ? Pourquoi les associations humanitaires et les habituels défenseurs des droits de l’homme se taisent-ils ? Pourquoi les intellectuels restent-ils silencieux ?

    Pourquoi, alors que l’Union européenne considère le Hamas comme une organisation terroriste, sa Haute Représentante pour les Affaires étrangères et sa Politique de Sécurité Catherine Ashton a-t-elle réagi immédiatement et avec joie en accueillant la nouvelle d’un gouvernement d’union entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas ? Y aurait-il de bons islamistes, voire de bons djihadistes, ceux qui tirent sur les civils israéliens ou qui appellent quotidiennement à leur kidnapping et distribuent des bonbons dans les rues à l’annonce de la mort de jeunes israéliens ou d’attentats, et des mauvais islamiste ou djihadistes, ceux qui répandent le sang et le chaos en Syrie et en Irak ou que nous combattons en Afghanistan ? L’Europe aurait-elle perdu le sens de ses valeurs ?