Beaumont, près de la frontière française. La
ville martyre a déjà subi plus de 450 roquettes et obus de mortier depuis le
début de l’année, 200 ces trois dernières semaines. Depuis 24 heures, pas moins
de 130 roquettes et missiles ont été lancées sur toute la région ouest de la
Belgique par des groupes terroristes et djihadistes cachés dans les centres
urbains du nord de la France. Binche, Mons et Charleroi ont essuyé des tirs,
obligeant les habitants à descendre dans les abris antiaériens.
Après s’être réuni plusieurs jours sans
résultat, le gouvernement a finalement ordonné à la force aérienne de bombarder
les djihadistes afin de détruire leurs positions de tir et leurs stocks de
missiles et de roquettes. Les F-16 de la composante aérienne belge sont
immédiatement intervenus.
Les responsables des mouvements djihadistes ont
déclaré que désormais toute cible belge était légitime et ont poursuivi les
tirs de missiles sur Namur et Bruxelles. On a signalé un tir sur la ville de
Gand.
Dans ce contexte dramatique, les membres du
gouvernement multiplient les manifestations de fermeté. Plusieurs ministres ont
visité les localités proches de la frontière française en signe à la fois de
détermination face aux djihadistes et de solidarité envers une population très
éprouvée. Ainsi, la Ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet a tenu à faire une
courte visite aux habitants de Beaumont, durement touchés par les bombardements
depuis plusieurs années déjà. Elle a réaffirmé la volonté du gouvernement de
faire cesser les tirs, ajoutant qu’aucun gouvernement n’accepterait que sa
population civile soit ainsi menacée. Les habitants de Beaumont ont quant à eux
assuré la Ministre de leur soutien au gouvernement et à l’armée, demandant
cependant aux autorités d’aller jusqu’au bout face aux djihadistes et
d’éradiquer totalement leur capacité de tir.
Les lignes qui précèdent relèvent évidemment et
fort heureusement de la fiction. Dans le contexte européen actuel, la Belgique
vit paisiblement avec ses voisins. C’est pourtant ce que vivent les trois quarts
d’habitants israéliens, soit près de 6 millions d’Israéliens. Israël est un
pays à peine plus petit que la Belgique avec ses 8 millions habitants pour une
superficie juste un peu plus modeste.
Le Moyen-Orient semble souvent loin et
incompréhensible pour les Européens. Même les diplomates paraissent souvent
éloignés des réalités sur le terrain par leurs déclarations convenues, tandis
que les médias, si prompts à jouer sur l’émotionnel, peinent régulièrement à
rapporter la dimension humaine et psychologique des tirs incessants de
roquettes et de missiles sur la population civile israélienne, tiraillés qu’ils
sont entre l’attrait d’un sensationnalisme facile et le recours aux mécanismes
trompeurs de la fausse symétrie censée prévenir le journaliste de toute
partialité.
Loin des subtilités diplomatiques et des
discussions feutrées des plateaux de télévision, la réalité sur le terrain
invite cependant à plus de modestie dans les lectures à sens unique, mais
suscite aussi l’étonnement devant l’indifférence des autorités, au-delà de
quelques déclarations diplomatiques de circonstance, et des commentateurs face
à des tirs qui, rappelons-le, constituent clairement des crimes de guerre aux
yeux du droit international. Soulignons d’ailleurs au passage que le Hamas est
une organisation ouvertement djihadiste, antisémite et génocidaire, ainsi qu’en
témoignent aussi bien sa charte que ses actes.
Pourquoi dans les pays européens, pourtant
pionniers dans la promotion et la défense des droits humains, est-il devenu si
difficile d’appeler un chat un chat et de dénoncer ceux qui terrorisent
actuellement et volontairement la majorité de la population israélienne,
au-delà des simples déclarations de circonstance vite nuancées par des appels à
la retenue ou le recours à la notion jusqu’ici inexpliquée de proportionnalité,
comme si on voulait conjurer le faux pas des déclarations précédentes ?
Pourquoi les associations humanitaires et les habituels défenseurs des droits
de l’homme se taisent-ils ? Pourquoi les intellectuels restent-ils
silencieux ?
Pourquoi, alors que l’Union européenne considère
le Hamas comme une organisation terroriste, sa Haute Représentante pour les
Affaires étrangères et sa Politique de Sécurité Catherine Ashton a-t-elle réagi
immédiatement et avec joie en accueillant la nouvelle d’un gouvernement d’union
entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas ? Y aurait-il de bons
islamistes, voire de bons djihadistes, ceux qui tirent sur les civils
israéliens ou qui appellent quotidiennement à leur kidnapping et distribuent
des bonbons dans les rues à l’annonce de la mort de jeunes israéliens ou
d’attentats, et des mauvais islamiste ou djihadistes, ceux qui répandent le
sang et le chaos en Syrie et en Irak ou que nous combattons en
Afghanistan ? L’Europe aurait-elle perdu le sens de ses valeurs ?