"L’indifférence tue davantage que la peur"
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Envers et contre tout, une ONG israélienne fait de l’humanitaire en Syrie
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18-09-13
GovXShortDescription
Source: Danielle Ziri dans le Jerusalem Post
Soixante-dix
tonnes d’équipements sanitaires. 670 tonnes de denrées. 120 tonnes d’objets de
première nécessité. 20 tonnes de médicaments. Voilà quelques exemples de l’aide
humanitaire fournie à la Syrie par une ONG israélienne anonyme. Cette
association, créée au début des années 2000, se consacre à aider des
communautés touchées par des catastrophes naturelles ou des conflits humains
dans les pays qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec Israël ou
dans lesquels les régimes au pouvoir empêchent l’accès de convois humanitaires
internationaux. En raison de la nature sensible de ses activités, le groupe
préfère conserver l’anonymat.
« Personne ne demande la permission de tuer. Nous ne demandons pas la
permission de sauver des vies », explique la fondatrice de l’association,
appelons-la Yaël. « Nous ne nous préoccupons pas de politique. Nous ne
travaillons pour personne, juste pour notre conscience. » Quelque 1 200
Israéliens composent l’ONG, tous « aiment leur patrie et ont fait leur service
militaire », souligne la militante. Venus d’horizons variés, ils participent à
4 types d’opérations : médical, soins post-traumatiques, alimentation de masse
et sauvetage. « On n’est pas là pour remplacer l’Etat d’Israël », continue la
directrice. « L’Etat contribue beaucoup là où il le peut. Nous nous concentrons
sur des pays qui ne reçoivent pas l’aide israélienne officielle. C’est une
assistance de citoyen à citoyen. » Depuis le début de la crise en Syrie, les
bénévoles de l’opération travaillent en étroite coopération avec des groupes
démocratiques et laïcs syriens présents sur le terrain, qui délivrent l’aide en
des endroits spécifiques, établis à l’avance. « Nous avons commencé à
travailler environ 3 semaines après le début du conflit syrien. A l’époque, on
ne connaissait pas encore l’ampleur de la catastrophe à venir ».
« Se sentir au bon endroit, au bon moment »
Dans le cadre du projet, intitulé «Il 4 Syrians
» (Israël pour les Syriens), des centaines de tonnes d’objets de nécessité ont
été délivrées : savons, brosses à dents, kits d’hygiène féminine, papier
toilette, mouchoirs, couvertures, matelas, bouteilles d’eau… En plus de l’aide
médicale et post-traumatique, les équipes forment également les jeunes Syriens
à utiliser des caméras numériques et des émetteurs satellites afin de «prendre
des images que les médias voudront voir », continue Yaël. « Nous pensons
qu’Assad fera de nouveau usage d’armes chimiques si les Etats-Unis
interviennent. C’est pourquoi nous levons des fonds pour acquérir 3 000 kits de
protection spéciale pour les équipes médicales syriennes qui travaillent dans
plus de 14 villes différentes ».
Travaillant dans l’anonymat, l’ONG rencontre de nombreux défis et difficultés
sur le terrain. « Les Frères musulmans distribuent des vivres dans les
mosquées, mais certaines personnes n’ont pas le droit d’y accéder, pour des
raisons que nous ne connaissons pas », explique-t-elle. Avant d’ajouter : « Le
problème, c’est que les Frères essayent d’empêcher d’autres groupes d’aider
aussi. Certains membres des groupes démocratiques avec qui nous sommes en
contact ont été enlevés et frappés pour cela. » Selon les sources de
l’association, le régime d’Assad a coupé l’eau dans certaines régions touchées
par les armes chimiques. Or, l’eau est essentielle pour pouvoir rincer les
zones corporelles atteintes par le gaz, se désole Yaël.
Depuis sa fondation, l’ONG a mené des opérations secrètes dans une dizaine de
pays, dont le Soudan, le Pakistan, l’Indonésie et le Sri Lanka. Ont-ils jamais
peur ? « Nous avons tous des enfants, des familles et nous savons pertinemment
quelles peuvent être les conséquences de notre activité. Il n’y a pas de
méthode idéale pour gérer la peur. Mais le choix de faire cela, de se sentir à
la bonne place au bon moment, est tellement gratifiant ! » s’enflamme Yaël.
Avant de conclure : « Je pense que nous redoutons davantage l’indifférence que
la mort. Nous savons que l’indifférence tue et ça, c’est plus fort que la
peur».
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