Le Sénat reconnaît la responsabilité de l'Etat belge

Shoah - Responsabilité de l'Etat Belge reconnue

  •   Le Sénat reconnaît la responsabilité de l'Etat belge dans la persécution des Juifs
  •    
    Le Sénat a reconnu jeudi, à l'unanimité, la "responsabilité de l’État belge" pour la persécution des Juifs en Belgique pendant la deuxième guerre mondiale, un vote jugé "historique" par plusieurs parlementaires

  •  
     
    Le Sénat a reconnu jeudi, à l'unanimité, la "responsabilité de l’État belge" pour la persécution des Juifs en Belgique pendant la deuxième guerre mondiale, un vote jugé "historique" par plusieurs parlementaires, près de 70 ans après la libération des camps. Les cinquante-quatre sénateurs présents ont voté pour, sous les applaudissements, et en présence de représentants de la Communauté juive dans les tribunes.
    La résolution votée par le Sénat reconnaît solennellement que "des autorités belges" ont mené durant la Seconde Guerre mondiale une "collaboration" avec l'occupant allemand "indigne" d'une démocratie, avec des "conséquences dramatiques pour la population juive".

    Les sénateurs ont ainsi repris à leur compte les conclusions d'une vaste étude de 1.100 pages publiée à leur demande par le Centre d'Etudes et de Documentation Guerres et Sociétés Contemporaines (CEGES), intitulée "La Belgique docile".
    Les sénateurs invitent les Parlements de Communauté à poursuivre le travail de Mémoire en faisant en sorte que ces tragiques événements soient enseignés aux jeunes générations.

    Le gouvernement fédéral est pour sa part invité à examiner la question d'un "statut" pour les victimes de la déportation pour des raisons racistes, Juifs et Tziganes, ainsi qu'aux orphelins de la Shoah. Les sénateurs reconnaissent eux-mêmes "l'état de déporté pour des raisons racistes" et d'orphelin de la Shoah à ces victimes de l'holocauste.

    La Haute assemblée demande également au gouvernement d'examiner l'application de la loi de mars 1954 qui soumet l'octroi de pensions de dédommagements aux victimes civiles de la guerre à des conditions de nationalité (belge) et de résidence (en Belgique).
    .

    La reconnaissance du Sénat, la première d'une assemblée d'un pays occupé durant la deuxième guerre mondiale, selon Jacky Morael (Ecolo) intervient fort tard. "Il a été très difficile pour la Belgique de reconnaître sa responsabilité", a indiqué Philippe Mahoux, auteur d'une première initiative en 2002 et salué par ses pairs pour son engagement.
    "Heureux et ému de vivre ce moment", Jacques Brotchi (MR) qui a rappelé avoir été un enfant caché pendant la guerre a exhibé une copie du document officiel de son père, datant du 17 novembre 1941 et extrait du registre des Juifs, pris en vertu des premières ordonnances belges.

    C'est bien l'ensemble des autorités politiques et administratives qui ont collaboré à cette époque alors que le gouvernement Pierlot, exilé à Londres, avait laissé les clés du pouvoir aux Secrétaires généraux, a souligné Jacky Morael.

    Une vive émotion s'était emparée de la Communauté juive durant les travaux du Sénat il y a quelques jours alors qu'une version antérieure de la résolution se limitait à pointer le rôle de certaines autorités belges. Il s'agissait d'un "malentendu", a indiqué Jacky Morael, l'intention des sénateurs n'ayant jamais été de minimiser une quelconque responsabilité.

    Dans son rapport à l'assemblée, Francis Delpérée (cdH) a énuméré quelles avaient été les responsabilités, "avant tout, du régime national-socialiste allemand", mais aussi de "citoyens belges", "d'autorités belges" et de "diverses personnalités". C'est dans ce contexte que la Haute Assemblée entend reconnaître la responsabilité de l'Etat belge pour la persécution des Juifs en Belgique pendant la Seconde Guerre Mondiale, a-t-il conclu.

    Pour la N-VA, le CD&V, le sp.a et l'Open Vld, Huub Broers, Dirk Claes, Bert Anciaux et Martine Taelman, ont appelé à tirer les leçons, en ayant en tête également l'avenir. La lutte contre les totalitarismes et le rejet des autres est un combat permanent, ont-ils dit, faisant observer que l'antisémitisme était en recrudescence.

    Au moment où Bart Laeremans (Vlaams Belang) a pris la parole, la majorité des sénateurs PS et Ecolo ont quitté l'hémicycle. Le Vlaams Belang avait tenté en vain d'évacuer de la résolution une référence au danger de l'extrême droite.

    Belga - 24 janvier 2013
     
  •