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Il est facile, du haut de la tour d’ivoire académique, sans réelle responsabilité politique et pratique, ou lorsqu’on ne détient pas les rennes décisionnelles de la gouvernance, d’en appeler au soutien morale de telle ou telle cause.
Cela est utile et même nécessaire en démocratie. Mais certainement pas suffisant.
Malgré le résultat du vote à l’Assemblée Nationale française (2/12/14), la Belgique devrait – tant au niveau parlementaire que gouvernemental – rester fidèle à la position d’encouragement qui a toujours été la sienne: privilégier, comme solution au conflit israélo-palestinien, l’entente entre Israéliens et Palestiniens. Cette attitude du gouvernement belge fait bien plus acte, non seulement de décision souveraine, mais surtout de bien plus de maturité et de responsabilité. Pourquoi? Parce qu’aucune solution unilatérale, importée ou imposée, ne pourra en assurer la viabilité et la longévité. Aucune solution unilatérale, importée ou imposée, ne saura donner de réponse aux problèmes les plus épineux qui font divergence entre les parties. Elles, et elles seules, sauront et devront tomber d’accord et en assumer les conséquences.
La communauté internationale se focalise sur ce conflit et minimise une longue liste d’autres foyers de crises bien plus graves à travers le monde. Cependant, reconnaître un état qui n’existe pas encore légalement, qui n’a pas d’autorité effective, ni sur son territoire, ni sur sa population, et qui glorifie les attentats terroristes, n’apporte aucun élément de solution aux points de divergence les plus cruciaux. Tout plan qui n’aura pas été négocié et n’aura pas obtenu l’aval des deux parties ne sera que factice et fébrile pour avoir été prématuré. Le plus épineux de ces points, celui qui engendre et alimente tous les autres, demeure celui du refus historique des éléments arabo-islamistes (qui donnent le ton) de reconnaître Israël, tel que préconisé au cours du 20ème siècle par la communauté internationale, par les grandes puissances, par l’ONU, aux côtés d’un foyer national arabe (palestinien), en plus des 23 autres déjà existants. L’Egypte et la Jordanie ont choisi de quitter ce camp du refus et ne le regrettent pas. Ces deux pays n’ont pas, pour autant, abandonné la cause palestinienne. Éléments modérés de la région, ils ont choisi de rejoindre le camp de la paix, luttant eux-mêmes contre l’extrémisme islamiste. Il suffit de balayer la région d’un regard neutre – de l’Irak et l’Iran jusqu’au Maghreb – en passant par le Hezbollah, le Hamas, Daesh et l’Etat Islamique, pour réaliser ce qui guette aux portes d’Israël et qui souhaite contrôler « la Palestine » et les Palestiniens comme tremplin avant de s’en prendre à l’existence d’Israël. Ceci n’est en rien une paranoïa israélienne. La reconnaissance en question ne répond pas aux sentiments de frustration des Israéliens qui ont de plus en plus le sentiment que l’Europe n’est plus à l’écoute de leurs préoccupations légitimes et vitales. Israël est capable de se défendre et n’a rien à craindre, me diriez-vous? Certes. Mais Israël ne veut pas avoir toujours et encore à se défendre. Israël préfère s’assurer d’un voisinage disposé à vivre réellement et sincèrement en paix. Deux états pour deux nations? Oui, bien sûr. Il y a fort longtemps qu’Israël, même Netanyahu, en a reconnu la nécessité. N’est-il donc pas normal de s’attendre à une reconnaissance réciproque? Non, ces arguments ne sont pas désuets. Ils sont, à regret, encore plus actuels que jamais.
Rien n’est plus angélique et naïf que de croire que la reconnaissance unilatérale mettra fin au conflit. 130 pays l’ont fait? Oui. L’ONU a admis la Palestine comme état non-membre? Oui. Mais cela a-t-il ramené les Palestiniens à la table des négociations? Non! Cela n’a fait que les encourager à plus d’intransigeance, à ne pas y revenir, afin de ne pas s’exposer à l’engagement de faire eux aussi des concessions et des compromis, de composer avec Israël; bref, leur permettre de perpétuer le conflit conformément aux objectifs des plus extrémistes et des plus fanatiques. Oui, tout le monde, Israël en tête, souhaite « en découdre avec ce conflit ». S’il faut pour cela activer des pressions, jetons donc un regard lucide et responsable sur la région, sur ce qui la traverse, sur l’exploitation de la cause palestinienne piégée et instrumentalisée par les ennemis de la paix...
Et aussi, qu’en est-il de l’importation du conflit, de la violence des manifestations pro-palestiniennes à travers l’Europe, des dérives antisémites qui en découlent,...? D’autres matières à réflexions? Non, exactement les mêmes…
La Belgique a l’occasion de jouer un rôle objectif, responsable et constructif en continuant d’encourager Israéliens et Palestiniens à négocier, sans conditions préalables, l’avenir de leurs deux états.