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Parmi les nouveaux auteurs, le caricaturiste, illustrateur et écrivain Yirmi Pinkus rencontrera le public de la Foire du Livre entre le jeudi 20 février et le samedi 22 février.
Une occasion unique d’entrer dans son univers, à travers un magnifique premier roman publié chez Grasset, « Le grand cabaret du professeur Fabrikant ». Plus de 150 titres seront présentés sur le stand 229, dont une quarantaine de nouveautés, parmi lesquelles quelques perles rares dont voici un avant-goût.
A commencer par le roman de Pinkus qui entraîne le lecteur dans l’univers juif de la Mitteleuropa de l’entre-deux guerre à travers les aventures d’une troupe féminine d’un théâtre yiddish ambulant, fondé à Czernowitz en 1878, par Markus Fabrikant, fils d’un riche négociant, qui vient de terminer ses études de géographie. Sa passion pour le théâtre l’amène à recruter ses futures actrices dans les orphelinats de bourgades juives de Roumanie. Elles seront 7 à composer la troupe du Grand Cabaret qui pendant 60 ans va jouer le même répertoire, fondé surtout sur les pièces d’Avraham Goldfaden, le père du théâtre yiddish. Le roman s’ouvre en 1937, à la mort de Markus Fabrikant, âgé de 88 ans, qui sur son lit de mort désigne son neveu pour successeur. Mais le jeune homme est affublé d’une mère avide d’héritage et qui convoite une bourse de diamants - le trésor que le professeur avait amassé pour sa troupe.
C’est à travers la quête de cet héritage que l’auteur tisse son intrigue avec le talent d’un formidable conteur. La langue est savoureuse et sensible, l’humour au second degré. On rit beaucoup, on sourit souvent au gré des personnages et de leurs aventures. Même si la tragédie avance à grand pas… Yirmi Pinkus, qui vient du monde de l’illustration, accompagne son récit de très jolis dessins. Ce roman est un petit bijou que l’on referme à regret.
Yirmi Pinkus présentera son œuvre le jeudi 20 février à 18h à l’espace Théâtre, à la Foire du livre. Vendredi 21 février, à 17h, il sera interviewé par Kerenn Elkaïm à l’espace Auteurs, toujours à la Foire du livre. Une rencontre se déroulera également au CCLJ, le 21 février à 20h30, animée par Esther Freifeld. www.cclj.be. Plusieurs séances de signatures sont prévues au stand des Lettres d’Israël. Toutes les infos sur le site www.flb.be
Complice de longue date de Yirmi Pinkus avec lequel elle a fondé le groupe Actus dans les années ’90, Rutu Modan a séduit le public du festival de la BD d’Angoulême qui a récompensé son roman graphique, « La propriété » (Actes Sud). L’histoire prend place dans la Pologne d’aujourd’hui, mais c’est bien l’ombre des disparus qui hante la quête de Régina Segal, partie d’Israël en compagnie de sa petite-fille, pour retrouver en principe la trace d’une propriété familiale à Varsovie, avant la guerre. La tension savamment entretenue tout au long du roman provient de la confrontation des époques et des esprits autant que des secrets enfouis affleurant au fil des pages. Avec une justesse de ton et d’expression dans le trait, Rutu Modan réussit de façon magistrale à mettre un sujet grave et chargé d’histoire au diapason de notre époque.
Toujours chez Actes Sud, viennent de paraître les carnets de voyage de Benny Ziffer, « Entre nous, les Levantins » brillant d’une intelligence vive, servie par une plume érudite et raffinée. Journaliste, romancier, né en Israël d’un père d’origine viennoise et d’une mère d’origine turque, l’auteur nous entraîne ici, avec jubilation, dans les rues du Caire, d’Alexandrie, d’Istanbul, Amman, Jérusalem, Athènes ou Paris. Y croit-il vraiment que l’on puisse un jour « retisser le fil rompu entre nous, les Levantins» comme le suggère un de ses carnets, parmi les plus émouvants et subtils du recueil ? Il nous y convie à travers ses itinéraires jalonnés de surprises, nous mène en bateau avec malice mais élégance. Et au terme d’un long périple décousu, nous le ressentons, le partageons, ce profond sentiment de perte qui fait de chacun de nous, lecteur, un de ces Levantins.
Parmi les nouvelles voix féminines de la littérature israélienne, deux premiers romans percutants mais qui n’ont pas eu l’écho mérité sont à découvrir d’urgence : « Tous ceux qu’elle aimait », d’Edna Noy (Fayard) et « De la place pour un seul amour » de Kalanit Ochayon (Albin Michel). Dans ce récit à trois voix, des voix de femmes d’âge différent que le destin réunit sans vraiment les rapprocher, les histoires personnelles s’affrontent sans relâche, à un rythme soutenu, au gré de la souffrance des personnages. Il se dégage de l’écriture de Kalanit Ochayon, une puissance et une énergie vitales qui l’imposent à coup sûr au rang des grands écrivains israéliens. Edna Noy nous parle également d’une perte irréparable, de la quête obsédante d’une fille adorée et happée dans la tourmente de la guerre, que sa mère s’acharne à retrouver, malgré les 12 années écoulées depuis la fin de la guerre, sous peine de périr à son tour. Dans « Tous ceux qu’elle aimait », roman presque autobiographique, l’auteure empoigne à bras le corps les tourments de la shoa qui la traversent et nous livre un texte très fort qui n’offre aucune prise à un sentiment de déjà lu.
Impossible d’évoquer de manière exhaustive tous les romans dignes d’intérêt qui ont marqué l’année depuis la dernière Foire du livre, il faudrait bien sûr citer le dernier opus de Meir Shalev « L’histoire de ma grand-mère russe et de son aspirateur américain » (Gallimard) plus jubilatoire que jamais, « Les eaux tumultueuses » d’Aharon Appelfeld (L’Olivier), dans la lignée du magnifique « Badenheim 39 », ou encore « La confrérie des chasseurs de livres » de Raphaël Yerushalmi (Actes Sud). Enfin, la traduction très attendue du conte « Tehila » de S.Y. Agnon, par Emmanuel Mosès (Gallimard).
De quoi satisfaire toutes les curiosités et faire le plein de ces Lettres d’Israël … jusqu’à la prochaine édition de la Foire du livre.